Le Département de la Justice (DOJ) des États-Unis a engagé des mesures qui pourraient voir Google contraint de vendre son navigateur Chrome. Cette proposition fait partie d’une affaire antitrust en cours, suite à l’affirmation du DOJ que Google maintient un monopole illégal sur le marché de la recherche.
Mais que signifie cela pour Google, l’industrie de la recherche et les utilisateurs d’Internet ?
Entrons dans les détails.
L’affaire antitrust du DOJ contre Google
Cette affaire antitrust, lancée par le DOJ le 20 octobre 2020, accuse Google de violer le Sherman Antitrust Act du 1890. Le procès affirme que Google a illégalement monopolisé le marché des moteurs de recherche et de la publicité sur les moteurs de recherche, principalement sur les appareils Android, ainsi que par des partenariats avec Apple et divers opérateurs mobiles.
L’audience a commencé en septembre 2023 devant le tribunal du district de Columbia, sous la présidence du juge fédéral Amit Mehta. En août 2024, Mehta a rendu une décision de 277 pages concluant que Google est un monopoliste et que ses actions pour maintenir cette position ont entravé la concurrence, l’innovation et le choix des consommateurs.
Le 20 novembre 2024, le DOJ a présenté des mesures supplémentaires dans son affaire contre Google. Celles-ci comprennent une proposition de vente forcée du navigateur Chrome, une interdiction de cinq ans d’entrer sur le marché des navigateurs et des restrictions sur le paiement de tiers, comme Apple, pour définir Google comme moteur de recherche par défaut. Le DOJ a également déclaré que si ces mesures ne sont pas efficaces, Google pourrait être contraint de se séparer de son système d’exploitation mobile Android.
Pourquoi le DOJ veut-il que Google vende Chrome ?
L’une des propositions phares du DOJ porte sur le navigateur Chrome.
Google détient environ 90 % du marché de la recherche en ligne, et Chrome, qui contrôle plus de 50 % du marché des navigateurs aux États-Unis, est une passerelle essentielle vers son moteur de recherche. En rendant Google Search le moteur de recherche par défaut sur Chrome, l’entreprise a créé des obstacles importants pour des concurrents comme Bing et DuckDuckGo, limitant leur croissance. La proposition du DOJ de vendre Chrome vise à briser ce cycle, permettant à d’autres moteurs de recherche de concurrencer plus efficacement Google.
Que se passe-t-il si Google vend Chrome ?
Si le tribunal ordonne à Google de se séparer de Chrome, l’entreprise n’aurait plus un contrôle exclusif sur la passerelle vers Internet, ouvrant ainsi la voie à d’autres moteurs de recherche pour gagner du terrain.
Le rôle de Chrome dans la domination de Google
Pour Google, Chrome n’est pas seulement un navigateur ; c’est un pilier de son écosystème. Le navigateur est devenu indispensable pour des millions d’utilisateurs, offrant une navigation rapide, une intégration étroite avec les services de Google et une interface utilisateur élégante. Cependant, le DOJ considère cette domination comme un obstacle à la concurrence loyale.
L’impact sur l’écosystème de Google
Vendre Chrome changerait fondamentalement la façon dont les navigateurs et les moteurs de recherche interagissent. Si Google n’était plus le moteur de recherche par défaut de Chrome, les utilisateurs seraient plus enclins à explorer des outils de recherche alternatifs. Cela pourrait aider d’autres moteurs de recherche, tels que Bing de Microsoft ou des entrants plus récents, à trouver un public.
De plus, la vente de Chrome pourrait affecter d’autres services de Google, comme YouTube et Google Maps, qui dépendent du navigateur pour le trafic et la visibilité. Cela forcerait Google à réévaluer son approche des données utilisateur, de la confidentialité et de la sécurité.
La réponse de Google à la proposition du DOJ
Google a indiqué qu’il proposerait ses propres solutions en réponse aux actions du département de la justice. Le juge Mehta a prévu une audience en avril 2025, afin d’entendre les arguments des deux parties.
Les contre-arguments de Google
Google a fortement critiqué les propositions du DOJ, arguant qu’elles pourraient nuire aux consommateurs, étouffer l’innovation et affaiblir les protections de la vie privée. Dans un article de blog, Kent Walker, le directeur juridique de Google, a qualifié les remèdes de perturbateurs pour l’industrie technologique et la compétitivité des États-Unis.
Conclusion : ce qui est en jeu pour Google et l’avenir de la recherche
La vente potentielle de Chrome marque un tournant dans la lutte contre le monopole de recherche de Google. Alors que le DOJ cherche à égaliser les chances, Google avertit que cela pourrait affecter l’expérience des utilisateurs et la croissance de l’industrie.
Au fur et à mesure que le procès avance, la décision finale pourrait non seulement déterminer l’avenir de Google, mais aussi, plus largement, redéfinir le paysage technologique. La concurrence prospérera-t-elle ou Google conservera-t-il sa position dominante ? La réponse, complète ou partielle, en 2025…